28 décembre, une date anniversaire… "Je cherche un monde plus pur, coupé de tout, où je pourrais faire quelque chose. Un monde qui me donne de l'espace et du temps. c'est le plus important. Moins j'ai d'espace, moins j'existe." En 1961, Manfred Gnadinger, celui qu’on appellait « L’allemand » et qui deviendra par la suite « Man », débarque dans le petit port de Camelle, en Galice. Cheveux longs, barbe, visage creusé, vêtu d’un pagne même les jours de grand froid, il a tout d’un Christ ou d’un Robinson Crusoë. Échoué dans ce petit village, on le laisse s’installer derrière la digue. Il s’y fabrique une cabane au confort spartiate dans laquelle il va vivre de la culture de son potager, d’aumônes et de la générosité des habitants. Parce qu’on l’aime bien ce sculpteur un peu fou, cet homme étrange qui érige jour après jour un étrange musée, collection hétéroclite de sculptures torturées moulées dans le béton, faites de pierres, d’antennes et autres débris qu’il trouvait çà et là, cadeaux de la mer… Mais un matin de novembre 2002, Man découvre la souillure de son œuvre. La marée noire provoquée par le naufrage du Prestige a eu raison du musée et de la cabane. Les sculptures sont irrémédiablement touchées. Manfred sombre dans une mélancolie profonde. En dehors de ce qu’il avait réalisé, c’est aussi tout l’écosystème alentour qui est touché et c’en est trop pour cet homme épris de liberté et profondément écologiste. " Je me sens mal, tout cela m’a laissé à plat. Si je ne meurs pas, je me tue. On ne peut pas me faire cela. Si l'on agresse mes œuvres c'est moi que l'on tue " Première victime de cette marée noire, « l’Allemand », « Man », le « Christ-Robinson de la Galice » est mort un vendredi. Coïncidence ou pas, le 28 décembre 2002, jour des Innocents, les voisins, surpris qu’il n’ait pas touché aux victuailles laissées sur le pas de sa porte, découvrent son corps sans vie. Il avait soixante-trois ans. Il n’a pas supporté l’image de la catastrophe laissée par le Prestige et s’est laissé mourir. Il devient alors un véritable symbole du martyr de la Galice, symbole aussi du mouvement Nunca Maís ("Jamais plus" en galicien), révolte des galiciens mais aussi de la population espagnole face aux mensonges de l'État et des medias qui ont longtemps nié et voulu minimiser la catastrophe. En se laissant mourir, l'artiste a réveillé la conscience de tout un peuple, dont l'un des mots d'ordre est désormais : Todos somos Man ("Nous sommes tous Man"). Créé après le naufrage, ce collectif se bat "contre les criminels invisibles et contre leur lâcheté. 28 décembre 2007, le cinquième anniversaire de sa mort est occulté par l’attentat qui a tué Bénazir Bhutto, la veille, au Pakistan. Le 28 décembre 2006, le quatrième anniversaire de sa mort est oublié des grands médias. Le 28 décembre 2005, le troisième anniversaire de sa mort est oublié des grands médias. Le 28 décembre 2004, le deuxième anniversaire de sa mort est oublié des grands médias. Le 28 décembre 2003, le premier anniversaire de sa mort est oublié des grands médias. Le 30 décembre 2002, un entrefilet dans L’Humanité annonce sa mort. Je n’en ai, personnellement, aucun souvenir. Et si le hasard de mon pouce jouant avec les touches de la télécommande de la téloche ne m’avait pas fait croiser son chemin par l’intermédiaire d’un reportage de Noël Mamaire, je n’aurais probablement jamais eu connaissance de ce… « fait d’hiver » ?...

Voilà donc, « My BlÄuG » pour y trouver quelques nouvelles ; un peu d'actu, (celle de La Face Nord Cie, la mienne... ), des gros coups de cœur, des p'tits coups de gueules, du son peut-être, des images sûrement... Alors, bonne promenade dans mon p'tit univers... Géronimo